L’examen initial du gibier : pour qui ? pourquoi ?
Avant de former les chasseurs landais, obligation d’avoir au moins 1 « formateur référent à l’examen initial du gibier sauvage » ; pour la FDC40 : Thierry BEREYZIAT, technicien cynégétique (thbereyziat@fdc40.fr), formé par le Ministère de l’agriculture en 2007.
La formation des chasseurs a été itinérante et assurée par l’intermédiaire de 14 réunions de secteur.
Au programme de la formation (durée 2h30) :
Présentation générale (rappel réglementaire, but de l’examen initial, les différents cas rencontrés, l’hygiène générale, équipement salle de dépeçage et découpe, …)
Exposé sur carcasses conformes et organes sains
Exposé sur anomalies décelées sur carcasse et organes
Prélèvement trichine (sanglier)
Présentation d’un local d’ACCA « aux normes sanitaires et fonctionnel »
Distribution de documents (carnet à souche pour l’examen initial, aide-mémoire « piliers de diaphragme »(photos), poches pour analyses trichine…
L’examen initial peut être pratiqué par 1 ou plusieurs chasseurs de l’association locale ; les compétences requises sont : la motivation, le sérieux, le sens de l’observation…ce que tout chasseur responsable possède ! il ne s’agit pas de faire, des personnes formées, des vétérinaires…mais simplement, des « observateurs » compétents, capables :
de distinguer « le bon du douteux »
d’effectuer un tri éventuel des animaux abattus dans la journée
de devenir « les sentinelles » indispensables en cas de crise sanitaire grave (SAGIR)
Toutes les espèces de grand gibier et de petit gibier peuvent être concernées par l’examen initial…
L’Europe oblige donc chaque état membre à adopter cette réglementation qui vise au respect des règles élémentaires d’hygiène afin de :
garantir au consommateur un niveau élevé de sécurité alimentaire et de santé publique
rassurer le consommateur suite aux différentes crises sanitaires (E.S.B, tuberculose, fièvre aphteuse, …)
améliorer la traçabilité des produits
Chaque personne formée sera donc capable aujourd’hui de :
sécuriser la chaine de transformation et de commercialisation
mieux identifier les risques sanitaires par un examen visuel initial
améliorer certaines pratiques de manipulation, de techniques d’éviscération et de recherche de larves de trichine
Il ne s’agit donc pas de tomber dans la psychose (peu ou pas de problèmes rencontrés à ce jour…), mais « le risque 0 » n’existant pas…1 chasseur averti en vaut 2 !
Tableau récapitulatif de la réglementation selon la situation
Partage convivial de la venaison | Cession à des particuliers = vente ou don | Repas de chasse, Repas associatifs, lotos | Vente directe sur Le marché local (80 km de rayon) | Vente aux ateliers de traitement et négociants de gibier |
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Hors champ d’application mais responsabilité civile du chasseur reste entière ! | Dépeçage, plumaison, découpe possibles | - | Dépeçage, plumaison, découpe interdits | Dépeçage, plumaison, découpe interdits |
Pas d’obligation de traçabilité | Traçabilité obligatoire | Traçabilité obligatoire | Traçabilité obligatoire | |
Pas d’obligation d’examen initial | Examen initial obligatoire | Examen initial obligatoire | Examen initial obligatoire | |
Information trichine obligatoire (sanglier) | Contrôle trichine obligatoire | Contrôle trichine obligatoire |
Contrôle trichine obligatoire effectué par atelier de traitement | |
Bonnes pratiques d’hygiène recommandées | Bonnes pratiques d’hygiène recommandées |
Bonnes pratiques d’hygiène obligatoires | Bonnes pratiques d’hygiène obligatoires |
Qualités de la venaison de gibier
Cet aspect méritait d’être abordé, tant la dégustation de venaison est un moment privilégié de convivialité, de partage et de bonheur !
Dans les LANDES, la majeure partie de la venaison du grand gibier présent sur notre territoire (chevreuil, cerf, sanglier) est concernée principalement par l’autoconsommation, incluant le partage avec des non chasseurs, les repas de chasse, les repas associatifs, et parfois les lotos.
Globalement, peu de commerce effectué, excepté quelques chevreuils vendus en tir individuel l’été, ou auprès de grossistes (animaux prélevés en battues), le tout afin d’alléger quelque peu les dépenses importantes liées au plan de chasse dont doivent s’acquitter les chasseurs.
Les qualités tant gustatives que nutritionnelles de la venaison sont incontestables ; une étude scientifique très sérieuse a mis en évidence la composition de celle-ci, et les résultats sont plus qu’éloquents ; ainsi :
La teneur en phosphore varie de 180 à 275 mg/100g de viande
Plus riche que le poisson !
La teneur en fer est de 1,5 à 5 mg/100g de viande
Plus riche que les épinards !
La teneur en lipide varie de 0 à 4,3 g/100g de viande
Moins gras qu’un yaourt nature !
La viande la plus riche en lipide est celle du sanglier, mais la teneur est équivalente à celle du poulet.
Pour la petite histoire, la France importe chaque année :
1000 T de petit gibier à poils (90% Amérique du Sud, 10% Royaume Uni)
1000 T de petit gibier à plumes (surtout Royaume Uni)
1800 T de sanglier (50% Australie, 50% Union Européenne)
2000 T de cerf (100% U.E)
1100 T de chevreuil (100% U.E)
A cela s’ajoute : 1000 T de kangourou et 60 T d’antilopes…
En France nous consommons, en moyenne, 600g de venaison/habitant/an :
Cervidés : 100g/hab./an
Sanglier : 132g/hab./an
Petit gibier : 368g/hab./an
Mais nous consommons…96kg d’autres viandes/habitant/an !! et, 40% de la population ne mange jamais de gibier…
Pour info, tableaux de chasse nationaux 2008/2009 :
48460 cerfs/biches
488000 chevreuils
580000 sangliers
31000000 de petits gibiers
Cas particulier du sanglier
Outre l’examen initial obligatoire pour tout repas collectif impliquant des non-chasseurs (épouses, enfants, amis…), chaque sanglier concerné doit subir le contrôle trichine systématique.
La trichine est un parasite qui peut affecter le porc, le cheval, le sanglier, le renard, voir d’autres carnivores. La larve du parasite, invisible à l’œil nu, s’enkyste dans les muscles ; l’homme se contamine en consommant de la viande de sanglier infesté mal cuite ; les conséquences, si la personne atteinte n’est pas soignée à temps, peuvent être graves, et parfois entrainer la mort.
Les chasseurs ont été formés pour ce contrôle ; ils doivent récupérer sur les sangliers, les deux piliers de diaphragme (que l’on nomme « onglet » en boucherie), et les faire transiter au laboratoire départemental de Mont de Marsan, accompagnés de la fiche d’examen initial ; dans l’attente des résultats, les sangliers sont individualisés, et consignés en chambre froide ; tout animal infecté est saisi par la DDSV et détruit. Nous insistons très fortement sur le sérieux à apporter à ces analyses ; à cause de préjudices lourds de conséquences, la responsabilité civile des gestionnaires cynégétiques peut être engagée.